Kotte Ecenarro. / Mairie d´Hendaye

La Conférence de l’Orientation, co-organisée par le Conseil de développement du Pays Basque et le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre des Conférences territoriales de la réussite scolaire et professionnelle des jeunes, s’est tenue ce mardi 26 janvier.

Initialement prévue à Hendaye fin 2020, elle s’est finalement déroulée à Anglet et pour partie en visioconférence en raison de la crise sanitaire et ce, en présence de la rectrice de l’académie de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure et du Vice-président du conseil régional, Jean-Louis Nembrini.

Associations, établissements scolaires, organismes de formation, acteurs socio-économiques, collectivités et rectorat… les 160 personnes inscrites ont croisé leurs réflexions plus particulièrement autour de l’accompagnement des jeunes dans leur parcours d’orientation et comment mettre celui-ci en phase avec le potentiel du territoire. Il a été également question des mutations sociétales, économiques, numériques, sanitaires sur lesquelles il faut anticiper, que ce soit dans l’orientation des jeunes ou la formation à distance.

Les enjeux transfrontaliers abordés

Le Maire Kotte Ecenarro, accompagné de Nicole Butori, adjointe à l’Education, est intervenu et a témoigné de la situation atypique d’Hendaye et ses problématiques liées à la diversité linguistique.

Plus de la moitié des élèves scolarisés sur la commune sont de nationalité étrangère (une trentaine de nationalités est représentée) avec une très forte dominante hispanique. Dans certaines écoles de la commune, jusqu’à 65% des élèves sont hispanisants. Cette diversité se retrouve également dans les deux collèges.

Le bilinguisme, voire le trilinguisme (français, espagnol, basque) qui devraient être une chance pour les jeunes s’avèrent être peu valorisés. Cette question est connue de l’Éducation nationale qui, depuis plusieurs années, accepte des taux d’encadrement en élémentaire adaptés à cette situation.

La question du trilinguisme dans l´enseignement posée

“Sur Hendaye, la création de formation d’enseignement général en collège et lycée en trilingue est un enjeu important d’un point de vue démocratique, économique et social”, estime le Maire qui précise “Démocratique, parce qu’il faut former des jeunes citoyens à bien appréhender l’espace qu’ils habitent. Cela passe par une intégration linguistique. Environ 6 000 ressortissants espagnols habitent à Hendaye (1/3 de la population) et trop peu sont réellement engagés dans la vie de la cité. Économique, parce que de part et d’autre de la Bidassoa, les entreprises sont nombreuses à avoir les mêmes problématiques pour trouver des jeunes qualifiés. Nous avons organisé en octobre 2019, un forum de l’activité transfrontalière et nous avons bien perçu combien des freins existent à une réelle mobilité professionnelle. Nous avons par ailleurs travaillé sur un domaine spécifique, celui des emplois d’aide à la personne; globalement, on peut considérer que si les métiers sont les mêmes, le cursus de formation et la reconnaissance des diplômes peuvent encore être améliorés. Nous avons des deux côtés, les mêmes problèmes de recrutement. Social, parce qu’il est évident que c’est la population la plus fragile socialement qui souffre de la faiblesse de l’offre de formation. Si la formation initiale n’est pas au rendez-vous, l’orientation n’y sera pas non plus. Il est à craindre qu’elle se fasse par défaut et non pas en respectant les désirs des jeunes. La population hendayaise a un revenu médian de 20 k€, inférieur de 5 % à la moyenne nationale et bien inférieur à la moyenne de la côte basque. A Hendaye, nous vivons concrètement les freins à l’accès à la formation ce qui, à mon avis, prive le territoire frontalier d’une certaine capacité à tirer de la croissance économique. Nous pourrions être territoire d’excellence et d’expérimentation pour des formations trilingues, ce que nous ne sommes pas encore, mais je crois que nos partenaires ont compris les enjeux”.